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  • Pascal Renauldon

Tete Storni : du polo au pato et vice-versa !

Dernière mise à jour : 23 déc. 2021

Sur les terrains de polo européens, et notamment en France, Juan José Storni, alias “Tete”, est connu pour son jeu « positif », toujours vers l’avant, en attaque, des gestes spectaculaires offrant un polo ouvert. Le public de Chantilly et de Deauville a déjà pu apprécier ce joueur sympathique, handicap 5, sous les couleurs bleu-ciel de Mungo et que l’on retrouvera lors de cette saison 2021. Mais ça, c’est Tete côté ville. Il existe un autre Tete, côté campagne cette fois-ci, que nous sommes allés rencontrer à Las Heras, le fief du pato, à 150 kilomètres au sud de Buenos Aires.


Tete Storni version pato ! © Pascal Renauldon``

Ce jour-là, matin d’une finale de l’Open d’Argentine de polo, Tete nous a convié à un entrainement commun entre les deux meilleures équipes du pays, régulièrement finalistes de l’Open d’Argentine de pato, Las Heras et El Siasgo, son équipe : « mais on ne pourra pas jouer à fond, prévient-il d’entrée, car le terrain est trop sec et nous n’avons pas les mêmes moyens que dans le polo pour arroser ». Le ton est donné, le pato, c’est un autre monde malgré les « ponts ». L’entrainement est prévu à 9H30, « mais tu connais l’Argentine, prévient Tete, les autres ne seront pas là avant 10H30 ». Il me reçoit dans les écuries d’une propriété qui a dû être somptueuse à une époque, une estancia avec un terrain de polo devant et un de pato à l’arrière. C’est l’heure du petit-déjeuner, les petiseros sont autour d’une vieille table en plastique, assis sur des tabourets de pêcheur, tranquilos. On me propose la calebasse de maté et quelques viennoiseries locales, petits pains au sésame ou baguette encore chaude.

Tete présente sa sellerie : des embouchures identiques au polo, mais une selle plus traditionnelle de gaucho, avec peau de mouton et sans sangle de ramassage. Le pato est un jeu périlleux !

Handicap 5 de polo, Tete est handicap 8 en pato. Pour y jouer, il utilise les mêmes chevaux. Il me présente notamment une belle jument grise de 8 ans, Pili Cobradora, qu’il a depuis revendue à une grande équipe de polo : « Elle vient de l’élevage de la Irenita et a joué l’Open d’Argentine de polo. Le pato peut être une bonne préparation pour les jeunes chevaux de polo. Moi, j’utilise indifféremment les miens pour les deux jeux. Mais je vous avouerai que le polo, c’est mon travail et le pato, ma passion. En fait, ce que je gagne en jouant au polo, je le dépense en partie pour financer mon pato ».

Tete m’envoie attendre les joueurs sur le terrain… où paissent tranquillement quelques chevaux en liberté qui bougeront à peine pendant le practice. Entre deux périodes, un des frères Taberna – les stars du pato, handicaps 10 - vient à moi me parler de son sport… et de Tete : « Nous avons beaucoup d’admiration pour lui car il réussit dans les deux disciplines, c’est un type bien. Il ne gagnera pas l’Open cette année (nous étions en 2020, NdR), car notre équipe est plus forte, mais j’aimerais bien rejouer avec lui ». Les Taberna et Tete avaient un projet commun : « Nous voudrions essayer de monter une équipe pour le championnat du monde de horse-ball qui aura lieu en France (à Saint-Lô, mais reporté en 2022). Ce n’est pas tout à fait le même sport et nous aurions besoin d’un coach français pour nous diriger techniquement car nous ne maîtrisons pas tout à fait toutes les subtilités du règlement. Nous avons beaucoup de respect pour les Français, ils sont imbattables en horse-ball. Mais s’ils venaient nous rencontrer ici en pato, nous les battrions sans problème » ! Alors Tete et les Taverna à Saint-Lô en août 2022 ? Ce serait sympa, non ? En attendant, allez profiter du jeu avenant et tonique de Juan José Storni version polo sous les couleurs de Mungo lors de ces semaines de la Coupe d'Or de Deauville de l’Open de France. Un vrai bonheur ! Pascal Renauldon


Tete Storni version polo ! ©Justine Jacquemot - Chantilly Polo Club
 

LE PATO EN BREF

Sport national en Argentine, véritable passion dans les fermes de la pampa, inspirateur du horse-ball européen, le pato se jouait déjà en Argentine au XVIIe siècle. Tellement dangereux alors qu’il a été régulièrement interdit par les autorités religieuses et politique. Mais il resurgissait toujours ici et là… jusqu’à devenir officiellement « sport national » en 1953. Depuis, il s’est développé en parallèle du polo, avec ses propres codes, mais il est resté foncièrement rural, attaché à ses origines gauchos. Aujourd’hui, le pato est un mélange de polo, de basket et de rugby : un terrain presqu’aussi grand qu’un terrain de polo, environ 200 mètres par 90, deux équipes de quatre joueurs, un ballon que l’on attrape par des poignées, des hanses de cuirs, que l’on se passe pour aller marquer dans un panier vertical à 2m40 du sol après un certain nombre de passes obligatoires. Et tous les ans – sauf en 2020 – se tient un Open d’Argentine de pato dont la finale se joue à Palermo.

 

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