Cette Dolfina-là reste impossible à battre. Malgré des circonstances plus que défavorables (les blessures en chaîne), malgré une Ellerstina qui semblait tenir le bon bout avec deux victoires lors des deux premières levées de la Triple-Couronne et qui semblait avoir trouvé son n°2 avec Ulloa, malgré une défaite inattendue face à RS Murus Sanctus, Adolfo Cambiaso et ses trois mousquetaires ont atteint leur objectif, l’objectif ultime de la saison : une huitième victoire consécutive dans l’Open d’Argentine pour ce quatuor unique qui affiche 40 goals depuis maintenant 9 ans.
Même photo que depuis 2013, version 2020... ©Matías Callejo / Prensa AAP
Et puisque nous avons commencé par les chiffres, ajoutons que c’était la 20ème finale en 21 participations de l’équipe créée par Adolfo Cambiaso en 2000, le 14ème titre de La Dolfina, le 17ème de Cambiaso (qui en avait remporté trois avec Ellerstina avant de faire sécession) qui rejoint ainsi Alberto Heguy (le père) à la troisième place sur le podium des joueurs les plus titrés de l’histoire, à deux victoires de Horacio Heguy et à trois de Juancarlitos Harriott. Pour Nero et McDonough, c’est le onzième titre et le neuvième pour Pelon Stitling… Enfin, avec 45 goals, Cambiaso pulvérise le record de 41 goals inscrits pendant un Open détenu jusqu'alors par Carlos Gracida. Facundo Pieres, avec 43 goals, franchit également cette barre
Le match
Ce fut un drôle de match où l’on n’avait jamais vu si peu de goals inscrits depuis 1983 (victoire de Santa Ana sur Los Indios 7 à 6). 18 goals, aucun en 5ème période et un seul en 6ème ! Une Ellerstina un peu tendue (La Dolfina Polo Ranch avait sans doute œuvré pour l’équipe du boss en faisant douter les Pieres en demi-finales). Une fébrilité qui s’est traduite par un nombre impressionnant de fautes : 14 dont 3 techniques qui auront coûté 6 goals dont 3 à l’actif de Pablo McDonough car après trois échecs à 60 yards et un coup de tête de la jument d’Hilario Ulloa dans les côtes, Cambiaso avait confié cette mission à son n°3. Sur les goals de champ, on retiendra celui décisif du 9-8 signé Juan-Martin Nero, non seulement intraitable en défense, mais qui marque là un but d’une grande intelligence, dans le plus grand calme malgré les assauts en pluie de ses adversaires. Ce fut là le tournant du match.
Indéboulonnables : Adolfo Cambiaso et une Cuartetera... ©Matías Callejo / Prensa AAP
Peu de goals, mais un rythme fou. Et pour faire front à la rude défense de La Dolfina, les Pieres n’avaient d’autres solutions que de rentrer des goals spectaculaires : des longs tirs de Facundo Pieres, un incroyable back à gauche sous la queue de ce dernier contre le poteau de gauche, ou cet autre back à droite de son ainé sous un angle impossible. En fin de 7ème chukker, Facundo Pieres avait rentré un de ces golasos dont il a le secret, mais entre sa frappe et le moment où la balle passait la ligne, il y a eu le coup de cloche de fin de période qui figea le juge au drapeau, sans état d’âme. Dura lex, sed lex ; à 9-7 en début de dernière période, l’issue du match aurait pu être complètement différente… il s’en est fallu d’une seconde.
Une seconde qui grave encore plus profondément le nom d’Adolfo Cambiaso dans le marbre de l’histoire du polo. Au-delà de la consécration de son équipe, il rafle presque tous les prix individuels, meilleur marqueur du tournoi, premier joueur à avoir inscrit 1000 goals dans l’Open, meilleur homme du match, ses Cuartetera 09 et 06, respectivement meilleur cheval de la finale et meilleure jument de l’élevage argentin dans cet Open. Et son n°2, Pelon Stirling, se voit gratifié du prix du joueur le plus discipliné du tournoi.
Depuis le début de la semaine, les spéculations vont bon train sur l’avenir de cette équipe. Mais personne ne sait vraiment, à commencer par les joueurs eux-mêmes, quel visage aura La Dolfina en 2021. Ces quatre-là s’entendent à merveille et ont vécu une saison compliquée avec la quadruple facture et les quatre opérations de Juan-Martin Nero, les blessures de McDonough et Stirling. Alors peut-être auront-ils envie de revivre ensemble une saison complète au complet… McDonough attendra peut-être une autre saison avant de réaliser son projet d’une grande équipe de La Irenita… Poroto aura peut-être sa propre équipe dans l’Open (verdict ce soir avec le match de repêchage contre Cria Geté)… Quant au rêve de Cambiaso de remporter l’Open avec ses neveux Castagnola et son fils, il n’a rien d’évident et ce n’est sans doute pas dans les projets de Lolo Castagnola. Mais, là encore, tout peut arriver et cette après-saison s’annonce passionnante avec les transferts, les projets (Mariano Aguerre n’a finalement pas pris de décision définitive quant à son avenir) et les nouveaux handicaps. La Triple-Couronne 2020 n’est pas encore tout à fait terminée.
L’omniprésence de Lia Salvo
Ce sera sans doute le seul échec de La Dolfina : la défaite de l’équipe féminine et de Mia Cambiaso en finale de l’Open. Il faut dire que celles-ci avaient à faire front à une El Overo 27 encore plus solide et encore mieux remontée que l’an dernier avec une Lia Salvo absolument éblouissante à la fois au four (de la défense) et au moulin (de l’attaque avec 7 des 11 goals de son équipe), nommée évidemment meilleure joueuse de la finale, .
Deuxième titre pour Lia Salvo et ses copines. ©Matías Callejo / Prensa AAP
La Dolfina: Adolfo Cambiaso 10 (6 goals, dont 3 pénalités et 1 corner), Pelon Stirling 10, Pablo Mac Donough 10 (3 pénalités) et Juan M Nero 10 (1). Total: 40.
Ellerstina: Facundo Pieres 10 (6) (carton jaune au 3ème chukker), Hilario Ulloa 10 (1), Gonzalito Pieres 9 (1) et Nicolás Pieres 10. Total: 39.
Progression La Dolfina: 1-2, 3-2, 6-3, 6-5, 6-5, 6-6, 7-8 et 10-8.
El Overo Z7 UAE: Clara Cassino 8 (1 goal), Millie Hine 5 (2), Hazel Jackson-Gaona 10 et Lía Salvo 10 (7, dont 3 pénalités). Total: 33.
La Dolfina Brava: Mía Cambiaso 7, Milagros Fernández Araujo 7 (1 csc), Fátima Balzano 6 (3) et Candelaria Fernández Araujo 8 (1 pénalité). Total: 28.
Progression El Overo Z7: 2-0, 3-1, 5-1, 6-2, 7-2, 9-2, 9-3 et 11-4.
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