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Pascal Renauldon

Gonzalo Quesada, le rugbyman qui aimait le polo.


Demi d’ouverture des Pumas, l’équipe d’Argentine de rugby, avec trente-neuf sélections entre 1996 et 2007, dont deux Coupes du monde en 1999 et 2003, Gonzalo Quesada a fait l’essentiel de sa carrière de joueur en France dans cinq clubs du Top 14, dont le Stade Français, le club dont il est aujourd’hui l’entraîneur. Bref, Quesada, qui a également été assistant entraîneur du XV de France (Grand Chelem en 2010 et finaliste de la Coupe du monde en 2011) est assurément une sommité de ce sport. Mais aujourd’hui, on peut le croiser tout autant sur un terrain de polo qu’au bord d’un terrain de rugby. Il a retrouvé en France sa passion d’enfance et est (re)devenu joueur. Il est l’ambassadeur du Polo Club de Chantilly.



Avant votre carrière de rugbyman aviez-vous déjà des contacts avec les chevaux, avec le polo en Argentine ?

En fait, mon père a eu un parcours similaire, enfin, c’est moi qui l’ai suivi : après sa carrière de rugbyman, il est devenu chef d’entreprise et joueur de polo, il a été h3. Il a monté une petite structure à Open Door et quand j’étais gamin, entre 10 et 16 ans, je montais régulièrement à cheval et jouais un peu. On avait un terrain au ranch familial, à 400 kilomètres de Buenos Aires également et pendant les vacances scolaires, on s’amusait avec des amis. Je faisais mes études et à 18 ans, j’ai commencé à jouer au rugby en première division argentine, à l’Hindù Club. Cela se passait plutôt bien, j’ai décroché mes premières sélections chez les jeunes, puis je suis devenu professionnel en France et je n’ai plus joué au polo pendant presque vingt-deux ans. Et en 2007, j’ai mis un terme à ma carrière de joueur et je me suis remis à cheval à Paris grâce à mes amis Nito Uranga, Topo Braun et Christian Nordheimer. J’ai commencé à retaper la balle, à faire des petits practices puis je suis allé régulièrement à La Mariana, chez Mariano Lopez et maintenant je vais à Chantilly. J’ai repris un handicap et commencé à jouer quelques petits tournois. Grâce à mon père et à son ranch, j’avais les bases d’équitation ce qui n’est pas superflu quand on veut jouer au polo.


Avez-vous déjà assisté à des matchs à Palermo ?

Très souvent, d’autant que si le Top 14 laisse peu de répit, l’une des deux semaines off est en novembre ce qui me donne l’occasion de filer à Palermo. Les deux dernières années où je vivais en Argentine quand j’entraînais l’équipe des Jaguares (2018-2019, finaliste du Super Rugby, NDR), j’ai pu suivre la Triple Couronne de très près… Tortugas, Hurlingham, Palermo.


Avez-vous des contacts avec certains des grands joueurs argentins, en connaissez-vous certains plus particulièrement ?

En Argentine, il y a beaucoup de ponts entre les mondes du rugby et du polo ; grâce à cela, j’ai la chance de connaître Adolfo Cambiaso et Facundo Pieres. Ruso Heguy est un ami proche. En 2019, alors qu’il était entraîneur de Las Monjitas, il m’a proposé de suivre la Triple Couronne depuis leur palenque où j’ai pu faire mieux connaissance avec Facundo Sola, Guillermo Caset, Santiago Toccalino et Hilario Ulloa. Je les ai suivis toute la saison et j’ai pu partager la XPL et la Triple Couronne au cœur de l’équipe.


Quel est le joueur qui vous impressionne le plus ?

Difficile d’être original en répondant à cette question : évidemment, Adolfo Cambiaso qui est dans une autre dimension, Facundo Pieres également. Mais il y a un autre joueur qui m’épate : je trouve que la hargne d’Hilario Ulloa rappelle celle d’un joueur de rugby. Il a le talent, le jeu et la combativité. J’ai eu également la chance de partager un peu de temps avec Pablo McDonough à Paris, nous avons même pu jouer un petit practice ensemble. Il fait partie de ces joueurs d’exception et je pense que ce quatuor avec Adolfito, Facu, Pablo et Hillario constitue l’équipe idéale. Mais je ne suis pas un technicien de ce sport !


Vous avez accepté d’être l’ambassadeur du Polo de Chantilly au sein du monde sportif, comment voyez-vous ce rôle ?

C’est avant tout une histoire d’amitié. J’ai eu la chance de jouer un peu partout en France, à Saint-Tropez, à Paris et c’est vrai qu’à Chantilly, j’ai pu nouer des liens très étroits avec Benoît et Philippe Perrier et surtout avec le président Arnaud de Chênevarin. C’est à force de venir au club, de m’y sentir bien, que j’ai accepté ce rôle qui n’en est pas vraiment un officiellement. Mais en étant un peu reconnu dans le monde du rugby et en étant de plus en plus présent, cela s’est fait naturellement. Je suis devenu ambassadeur du polo pour faire connaître un peu mieux ce sport à l’extérieur, pour sortir la communication du seul monde du polo.


Quelle est votre ambition, vos objectifs personnels en tant que joueur de polo ?

Me faire plaisir. Je n’ai aucun objectif sportif. Tous mes objectifs sportifs et professionnels sont liés au rugby. Je travaille beaucoup pour progresser dans mon métier de directeur sportif, d’entraîneur de rugby. Le polo, pour moi, c’est une recherche de sensations, une façon de me déconnecter du rugby, de la pression de mon sport. C’est vrai qu’en tant qu’ancien sportif de haut niveau, j’aime progresser. Si je termine un match, perdu ou gagné, en étant frustré cela ne me convient pas. Je recherche le sentiment d’avoir progressé, d’avoir travaillé pour devenir un meilleur joueur même si l’âge n’aide pas. Mais l’ambition ultime, c’est le plaisir, de ressentir toutes les belles choses que procure ce sport équestre.


Quels parallèles peut-on établir entre le polo et le rugby ?

Connaissant très bien les deux sports de l’intérieur, il y a deux choses qui les lient le plus : d’abord, l’interdépendance des joueurs les uns par rapport aux autres. Le résultat dépend essentiellement du rôle que chaque joueur doit tenir vis-à-vis de ses coéquipiers. Au polo, si je suis en retard sur l’homme que je dois marquer en défense, si je n’ai pas anticipé et l’ai laissé libre, il a de l’espace pour recevoir la balle, c’est une situation où je mets mon équipe en péril. Et même si mes trois coéquipiers sont concentrés et bien dans le jeu, si j’ai lâché mon joueur, je les mets en difficulté. En rugby, c’est la même chose : chacun doit bien travailler sur son rôle et doit être connecté avec les autres. C’est pour cela que ce sont deux sports d’engagement : plus le joueur est engagé dans son rôle et plus l’équipe a des chances de gagner. Le deuxième point commun est l’importance des liens affectifs et techniques : plus on est lié, plus on aime jouer avec ses coéquipiers, plus on est fier d’appartenir à l’équipe et plus on augmente ses chances de gagner. Le lien est quelque chose qui décrit parfaitement autant le polo que le rugby.


Comment s’annonce la saison 2021-2022 pour le Stade Français après cet exploit d’avoir terminé dans le top 6 la saison dernière ? Êtes-vous encore plus ambitieux ?

Cette première saison où je reprenais un club qui avait fini dernier du Top 14 l’année précédente était un gros challenge pour moi. Le Stade Français est un club que j’adore, où je me sens très bien, mais le défi était difficile. Alors, avoir pu faire une bonne saison, avec des hauts et des bas certes, mais avec une qualification pour les barrages pour la première fois depuis très très longtemps, on l’a forcément vécu avec beaucoup de joie et de fierté. Cette année, nous allons essayer de créer un peu plus de stabilité. Nous avons perdu trois joueurs internationaux, Pablo Matera, Gaël Fickou et Jonathan Danty, entre autres. Nous avons recruté des joueurs qui ne sont pas internationaux et nous allons donc construire une équipe plus stable avec également de jeunes joueurs issus du club, qui resteront plus régulièrement au sein de l’équipe au contraire de joueurs internationaux qui, tout en étant une plus-value, sont souvent absents au cours d’une saison. Nous avons besoin de plus de stabilité. Mais cela va être encore plus dur d’être dans les six car les cinq équipes qui se sont qualifiées avec nous se sont toutes renforcées. Cela a été une surprise que des équipes comme Lyon, Toulon ou Castres ne se soient pas qualifiées et quand on voit le potentiel de Montpellier, il y aura au moins une dizaine de candidats à la qualification. On sera attendu, et on va se préparer avec beaucoup d’humilité mais également avec beaucoup d’ambition. Il est certain que la saison à venir sera beaucoup plus compliquée que la saison dernière.

Gonzalo Quesada en compagnie de Carlos Solari qui venait de remporter la Polo Rider Cup au Polo Club de Chantilly

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